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Satio Oiwa ou la revanche d´une nature méprisée

Philippe Dagen

Le Monde , Samedi 7 janvier 2006. Paris



    Avec une grande aisance ce Brésilien d´origine japonaise peint l´échec des entreprises humaines face au maelström, à la neige, à la végétation.     Oscar Satio Oiwa est né à São Paulo en 1965. Ce Brésilien est d´origine japonaise at a vécu plusieurs annés à Tokyo. Depuis 2002, ayant reçu le prix de la Fondation Guggenheim, il vit à New York. Il est peintre.

         Ce qui se voit d´abord, c´est la remarquable diversité de ses subjets. Il peint un coin de banlicue sous la neige, deux navires allant en sens contraire, un plateau repas dans un avion de ligne, des champignons arborescents, Blache- Neige et les Sept Nains morts de froid. Chaque motif s´identifie immédiatement , mais aucune liason ne sétablit clairement d´une œuvre à l´autre: ni narrative ni symbolique.

    L´explication de cette variété tient en partie aux habitudes de l´artiste. Oiwa passe beaucoup de temps en promenade, dans les rues, devant les vitrines, dans les parcs. Il marche, regarde, enregistre, se souvient, rentre à l´atelier, prend des notes visuelles. Puis en fait des toiles. Le hasard, les heures, le temps qu´il fait, l´humeur du jour s´inscrivent dans le œuvres.

    Ils le peuvent parce qu´Oiwa jouit d´une évidente aisance picturale. Il est de ces artistes qui trouvent des solutions plastiques satisfaisantes et élégantes, qu´ils nient à représenter un maelström la neige qui tombe, des fleurs, n´importe quel object ou n´importe quel bátiment contemporains. Son dessin sait être à la fois détaillé et léger. Ses couleurs sont aussi légères, presque translucides, avec une prédilection visible pour les ocres, les gris, la blancheur.

    De temps en temps, avec quelque désinvolture humoristique, Oiwa ajoute de petits collages ou des paillettes qui accrochent la lumière - rien de systématique l à-dedans , juste des expériences réussies.

Suggérée, efficace, la tragédie.

    Avec ces instruments artistiques de précision, il peut ne pas hésiter à se mesurer à des subjets très étrange paysage. Des tour, il ne reste que la base aux parois d´chirées et hérissées de points. Des plantes recouvrent le sol. On les voit d´auntant mieux que la composition est construite selon un point de vue à ras de terre. Une bombe tombe en oblique .La scène est baignée d´une lumière verte plus aquatique qu´aérienne. La tragédie n´est pas véritablement montrée, mais insidieusement suggérée. Elle n´en est que plus afficace.

    Dans cet art du sous-entendu, Oiwa excelle. Les deux bateaux vont inévitablement être engloutis par le tourbillon qui, pour l´instant , ride la surface de l´océan. Un désert lunaire semé de cratères recouvre le toit d´un immeuble dont on s´aperçoit ensuite qu´il est celui du thé àtre Apollo de New York. La végétation croit et prolifère. L´hiver recouvre tout.

    C´est alors qu´apparait clairement le principe qui fait l´unité de ses œuvres apparemment hétérogènes: Oiwa peint le triomphe de la nature sur les entrepises humaines . Le triomphe ou, plus probablement, la revanche d´une nature fatiguée d´être méprisée et figurée.


Courtesy: Fréderic Giroux Galerie, Paris